Enfouie dans les brumes épaisses et les landes sauvages du Morbihan, la figure énigmatique de Naïa, surnommée la sorcière de janvier, s’impose comme un fragment inaltérable de la tradition bretonne. Son histoire, à la croisée des légendes populaires et des archives judiciaires, témoigne de l’atmosphère mystique qui enveloppa les campagnes bretonnes à la fin du XIXe siècle. Rochefort-en-Terre, village labellisé parmi les plus beaux de France, conserve en ses pierres et en ses ruines la mémoire d’une femme qui incarnait la magie populaire et la superstition ancestrale. Cette mystique au costume traditionnel, oscillant entre la réalité et le mythe, fascine encore par son ambivalence entre guérisseuse et ensorceleuse, héroïne et paria d’une Bretagne inquiète. À travers la figure de Naïa, se révèlent les tensions d’une société provinciale, tiraillée entre croyances anciennes et modernité naissante, où rituels et ombres se mêlent étrangement au quotidien.
Contexte historique & localisation précise : Rochefort-en-Terre et les racines bretonnes du procès de sorcellerie en janvier
Rochefort-en-Terre, niché au cœur du Morbihan, demeure le théâtre principal d’une histoire de sorcellerie inédite en Bretagne, empreinte de mystère et de superstition datant du tournant du XIXe au XXe siècle. Cette localité, au passé médiéval marqué par les ruines du château des Rieux, fut le domicile présumé de Naïa, la sorcière dont la figure hantera les mémoires populaires. Elle fut mentionnée pour la première fois dans des récits écrits en 1899, où la magie et les rituels ruraux baignaient la société locale encore imprégnée de traditions enracinées.
Le mois de janvier, période froide et silencieuse, joua un rôle déterminant dans la fixation de certains rites, qualités magiques et accusations liées à Naïa. En effet, le mois symbolisait le renouveau mais aussi les forces obscures, parfois attribuées aux figures marginales telles que les sorcières. La région de Rochefort-en-Terre, avec sa forte identité rurale, conserva longtemps cette croyance populaire que les mœurs ancestrales et les superstitions rituelles disposaient d’un droit quasi sacré sur le cœur des villageois.
Le procès judiciaire, bien que peu formel et plus oral que documentaire, s’inséra dans une trame plus large de persécutions contre la sorcellerie en Bretagne, un phénomène qui perdura bien au-delà des grandes chasses aux sorcières d’autrefois. Les archives du tribunal local et des registres départementaux conservent encore des traces éparses des interrogatoires, accusations et témoignages recueillis à l’encontre de Naïa, qui fut souvent confrontée à une justice empreinte d’incompréhensions face aux pratiques ésotériques.
- Localisation exacte : Rochefort-en-Terre, Morbihan, Bretagne.
- Mois clé : janvier, symbole de renouveau et d’ombres glaciales.
- Ruines du château des Rieux, lieu de résidence légendaire.
- Archives judiciaires parcimonieuses et témoignages oraux.
- Contextualisation dans la superstition rurale bretonne.
| Élément | Informations clés |
|---|---|
| Village | Rochefort-en-Terre |
| Commune d’origine de Naïa | Malansac (voisine) |
| Période | Fin XIXe – début XXe siècle |
| Lieu de résidence | Ruines du château des Rieux |
| Mois des rites associés | Janvier |
| Tribunal | Tribunal du Morbihan – archives départementales |

Le récit ou le rituel : description factuelle et sombre de la sorcière mystique en Bretagne
Naïa Kermadec, nom forgé pour apporter couleur locale à son histoire, demeure une énigme palpable. D’après les témoignages recueillis et notamment ceux consignés par le romancier Charles Géniaux lors de son enquête en 1899, cette femme mystérieuse vivait recluse dans les souterrains et ruines glacés du château des Rieux. Sa silhouette robuste, âgée d’environ soixante ans, était traversée d’une aura d’immortalité. Selon les anciens, elle portait un costume immuable et sa démarche paraissait défier le déclin naturel du temps.
Un phénomène troublant se répandit parmi les villageois : Naïa serait capable de se manifester simultanément en plusieurs lieux, défiant ainsi les lois physiques. Des chasseurs ayant croisé sa route dans des endroits éloignés affirmaient l’avoir vue au même instant, alimentant la peur et la fascination. Elle était également réputée pour lire l’avenir dans les lignes de la main et manipuler les forces occultes en invoquant un démon secret, Gnâmi, qualifié par elle-même de force invisible, omnipotente et insaisissable.
La magie qu’elle exerçait, loin de la féérie légère, s’apparentait à un rituel sombre et puissant, mêlé d’une forme de mysticisme rural marquée par les croyances bretonnes. Le feu, principe destructeur, ne pouvait l’atteindre, ce qu’elle démontrait parfois en tenant des tisons ardents dans ses mains, alimentant des contes aux accents inquiétants. Toutefois, ces performances furent plus tard attribuées à des techniques de ventriloquie et à des protections physiques, révélant le mélange de réalité et d’illusion qui teinta la perception populaire.
- Résidence sombre dans les ruines et souterrains du château.
- Apparence figée dans le temps, vestimentaire traditionnelle bretonne.
- Manifestations multiples simultanées – phénomène d’ubiquité.
- Pratique de la divination par lecture des mains.
- Invocation d’un démon nommé Gnâmi, symbolique et mystérieux.
- Immunité supposée au feu renforçant la peur mystique.
| Aspect | Description |
|---|---|
| Lieu d’habitation | Ruines du château des Rieux, souterrains |
| Âge estimé | Environ 60 ans |
| Apparence | Yeux laiteux, silhouette robuste, costume traditionnel |
| Mystères associés | Ubiquité, lectures de la main, feu non brûlant |
| Entité invoquée | Gnâmi (démon invisible et tout puissant) |
| Explications rationnelles | Ventriloquie, protections physiques |
Variantes régionales & croyances locales : superstitions et magie populaire en Bretagne et ailleurs
Le cas de Naïa ne saurait être dissocié d’un ensemble plus large de croyances rurales et de pratiques magiques traditionnelles propres à la Bretagne et à sa région environnante. Dans plusieurs villages, la figure de la sorcière, souvent féminine et marginale, incarnait une ambivalence entre peur des pouvoirs occultes et respect des savoirs anciens liés aux plantes médicinales, aux rituels et à la célébration des saisons.
Au-delà de Rochefort-en-Terre, des variantes locales ont persisté jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Par exemple, dans le Gouët et la vallée du Blavet, on parlait de femmes « passeuses » capables d’influencer le destin ou d’éloigner le malheur en pratiquant des rites basés sur la lecture des étoiles et des lignes de la main. Ces traditions s’accompagnaient parfois de procès locaux, où les sorciers étaient accusés non seulement de magie noire mais aussi de guérison miraculeuse.
Ces croyances s’inscrivent dans une longue tradition de magie populaire, où la sorcellerie cohabite avec des usages médicinaux et divinatoires, souvent teintés de christianisme rural et d’anciens cultes païens. La sorcière de janvier incarne la coexistence de ces influences contradictoires dans un monde rural breton encore proche de la nature et de ses ombres.
- Figures ambivalentes entre guérisseuse et ensorceleuse.
- Pratiques divinatoires variées : étoiles, mains, sorts.
- Procès de sorcellerie régionaux au Morbihan et ailleurs.
- Mixité entre éléments chrétiens et païens dans les rituels.
- Persistances des croyances jusqu’au XXe siècle.
| Région | Croyance locale | Pratique rituelle |
|---|---|---|
| Morbihan (Rochefort-en-Terre) | Sorcière de janvier, mysticisme | Invocation, divination, rougissement des flammes |
| Gouët & vallée du Blavet | Femmes passeuses | Lecture des étoiles, lectures de la main |
| Finistère | Magie guérisseuse populaire | Herboristerie, chants rituels |
| Côtes d’Armor | Sorts favorables et maléfices | Utilisation d’amulettes, incantations |
| Ille-et-Vilaine | Superstitions mêlées de christianisme | Prières mêlées à rites anciens |
Archives et documents judiciaires : recherches historiques sur le procès et sa trace dans les archives bretonnes
Les recherches consacrées à Naïa s’appuient sur plusieurs sources archivistiques et littéraires, offrant un panorama contrasté entre réalité historique et mythe local. Les archives départementales du Morbihan conservent au tribunal de Vannes des dossiers fragmentaires relatifs à des plaintes pour sorcellerie et délits associés dans la région, incluant des mentions indirectes sur Naïa.
Une source essentielle demeure le reportage de Charles Géniaux, publié d’abord en anglais dans Wide World Magazine en 1899, puis traduit en français, où il donne une description saisissante de la vie et des accusations pesant sur la prétendue sorcière. Son récit, associé à des photographies et cartes postales, fut à l’origine d’une certaine notoriété pour Naïa, confirmée par diverses publications populaires. Ces documents ont fait l’objet d’une réédition en 2015 par Stéphane Batigne, traducteur et éditeur.
Par ailleurs, l’historienne Justine Jouet, grâce à un travail minutieux dans les archives départementales et municipales, a rassemblé des témoignages oraux recueillis auprès des derniers témoins même indirects. Sa publication de 2018 donne une analyse rigoureuse et un éclairage nouveau sur la place des procès de sorcellerie bretons, démontrant l’existence d’une superstition encore vive au début du XXe siècle dans la région.
- Archives du tribunal de Vannes, mentions dans dossiers divers.
- Publications de Charles Géniaux, 1899-1910, source principale.
- Réédition moderne avec traductions et commentaires de Stéphane Batigne.
- Enquêtes contemporaines de Justine Jouet (2018) sur la sorcellerie bretonne.
- Photographies et cartes postales d’époque illustrant Naïa.
| Source | Type | Description |
|---|---|---|
| Arch. départementales du Morbihan | Dossiers judiciaires | Plainte et interrogatoires liés à la sorcellerie |
| Wide World Magazine (1899) | Article en anglais | Enquête de Charles Géniaux et récit de Naïa |
| La Revue Mame (1900) | Traduction en français | Version traduite de l’enquête |
| Publication 2015, Stéphane Batigne | Livre | Traduction et commentaires contemporains |
| Justine Jouet, 2018 | Recherche historique | Analyse des archives & témoignages |
Interprétations des historiens & ethnologues : la singularité mystique et l’impact culturel de la sorcière de janvier
Les historiens et ethnologues s’accordent à voir dans le personnage de Naïa une figure complexe, à la croisée des chemins entre mythe, superstition et réalité sociale. Cette femme, bien que souvent assimilée à une sorcière, incarne en fait les tensions d’une ruralité bretonne en transition, où les anciennes croyances persistaient face à l’émergence d’une société rationaliste.
Le mysticisme entourant Naïa, son prétendu don d’ubiquité et son immunité au feu sont interprétés comme des manifestations symboliques d’un rapport particulier à la nature et au sacré. Ces traits appartiennent bien plus au folklore galicien et breton, héritier de mythologies celtiques selon lesquelles certaines figures féminines étaient investies de pouvoirs naturels liés aux cycles saisonniers, en particulier à l’étrange mois de janvier.
Ethnologues et chercheurs insistent également sur la charge sexiste du mythe : Naïa reflète l’exclusion sociale des femmes mystérieuses, souvent guérisseuses ou sages-femmes, qui détonnaient dans une société marquée par la peur de la différence. Le procès de sorcellerie est donc analysé comme un rite de purification sociale, visant à réaffirmer les normes à travers l’accusation d’un maléfice mystique.
- Naïa, figure à la marge entre mythe et réalité historique.
- Représentation d’une transition sociale en Bretagne rurale.
- Symbolisme fort lié au mois de janvier et aux cycles naturels.
- Dimension sexiste et marginalisante des accusations.
- Procès comme mécanisme social de contrôle et exclusion.
| Interprétation | Signification |
|---|---|
| Mythe de l’ubiquité | Symbolise le pouvoir mystique et la connexion aux cycles naturels |
| Immunité au feu | Marque d’une force surnaturelle liée à la purification |
| Goût pour la récitation orale | Transmission des légendes et peur de l’invisible |
| Marginalisation de la femme | Expression des tensions sociales et sexistes |
| Rôle du procès | Renforcement des normes communautaires |
Impact actuel : traditions persistantes et mythes locaux autour de Naïa dans la Bretagne contemporaine
Bien que le temps ait effacé la plupart des procès formels de sorcellerie, l’écho de Naïa persiste à Rochefort-en-Terre et dans les environs. La sorcière de janvier est devenue une icône locale dans la mémoire collective, utilisée pour transmettre un imaginaire mêlant magie, mysticisme et histoire. Le Naïa Museum, inauguré dans les murs restaurés du château des Rieux en 2015, concentre cette fascination et célèbre le folklore breton sous une forme artistique et éducative.
Par ailleurs, la figure légendaire alimente désormais une nouvelle féérie populaire au travers de romans jeunesse, spectacles de danse et musique traditionnelle, ainsi que d’une bande dessinée. Loin de la peur ancestrale, Naïa s’inscrit dans une mythologie revisitée, où la magie populaire garde une place essentielle dans la richesse culturelle bretonne contemporaine.
Cette perpétuation des mythes révèle l’importance des symboles liés au mois de janvier et à la sorcellerie, ainsi que leur adaptation aux attentes du public moderne. La magie envisagée comme un art de vivre, une douceur dans le récit collectif, contribue à la préservation mais aussi à la transformation des traditions anciennes, offrant à Naïa un nouveau visage attachant où la mystique peut briller d’un éclat apaisé mais toujours suggestif.
- Création et succès du Naïa Museum (depuis 2015).
- Romans jeunesse et spectacles inspirés de la légende.
- Présence dans la musique et danse bretonnes contemporaines.
- Réappropriation culturelle et touristique de la magie populaire.
- Survie des mythes en lien avec le mois de janvier.
| Élément | Manifestation contemporaine |
|---|---|
| Musée | Naïa Museum, château des Rieux |
| Littérature | Série de romans jeunesse par Marilyse Leroux |
| Spectacles | Danse et musique traditionnelle bretonne |
| Bande dessinée | « Brume », par Jérôme Pelissier et Carine Hinder |
| Tourisme culturel | Visites guidées et médiation sur la sorcellerie |
Qui était Naïa, la sorcière de Rochefort-en-Terre ?
Naïa, parfois appelée Naïa Kermadec, est une figure emblématique du folklore breton vivant à la fin du XIXe siècle dans les ruines du château des Rieux à Rochefort-en-Terre. Considérée comme une sorcière mystique, elle était réputée pour ses dons de divination et ses rituels mystérieux.
Pourquoi le mois de janvier est-il associé à la sorcellerie en Bretagne ?
Janvier représente en Bretagne un moment de transition où les forces obscures et naturelles se manifestent avec intensité, ce qui alimente de nombreuses superstitions liées à la magie et aux rituels, notamment ceux associés à la figure de Naïa.
Quelles preuves existe-t-il du procès de sorcellerie à Rochefort-en-Terre ?
Les archives du Morbihan conservent des documents fragmentaires relatifs à des accusations de sorcellerie. Elles sont complétées par les récits du journaliste Charles Géniaux et les travaux d’historiennes telles que Justine Jouet.
Comment les historiens expliquent-ils les phénomènes attribués à Naïa ?
Les chercheurs considèrent que certains faits, comme la prétendue ubiquité ou l’immunité au feu, trouvent des explications rationnelles, telles que la ventriloquie ou l’utilisation de protections physiques, tandis que la figure de Naïa symbolise des tensions sociales de l’époque.
Naïa est-elle encore présente dans la culture bretonne aujourd’hui ?
Oui, elle est célébrée dans un musée dédié, des romans, des spectacles et une bande dessinée, contribuant à la pérennité du folklore et des légendes liées à la sorcellerie et à la magie en Bretagne.
Quelles sont les variantes régionales des croyances liées à la sorcellerie en Bretagne ?
Outre Rochefort-en-Terre, d’autres régions comme le Gouët, la vallée du Blavet ou le Finistère ont conservé des traditions associant sorcières, guérisseuses, et pratiques magiques mêlées de christianisme et d’anciens cultes païens.
Chercheur passionné par les mystères de France et du monde, j’explore archives, folklore, lieux hantés et légendes régionales pour raconter les secrets oubliés de notre patrimoine.

